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Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/25

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de Souvarow et leur jonction avec les Autrichiens rejetèrent les armées du Directoire de Vérone sur Milan, et bientôt sur les Alpes et les Apennins ; Naples, Rome et Florence, un moment occupées, étaient du même coup perdues. Gros fut entraîné dans la déroute et se réfugia de nouveau à Gênes, en mai 1799 ; il s’y trouvait encore lorsque Masséna y fut bloqué par les Autrichiens, en avril 1800. On sait ce que furent les souffrances et les horreurs de ce siège. Après la capitulation, signée le 4 juin 1800, Gros quitta la place sur un navire anglais, qui le transporta à Antibes, où il tomba gravement malade. Il resta quelque temps à Marseille pour se rétablir et ne revint à Paris qu’en octobre 1800.


III

Les huit années passées en Italie sont capitales dans la formation du génie de Gros, et presque exceptionnelles dans une existence d’artiste. Ce n’est pas qu’il y ait beaucoup travaillé : ses amis lui reprochaient d’être paresseux (il le sera toute sa vie) ; mais sa nature, pourrait-on dire, s’était épanouie en liberté. Pendant huit ans, il avait échappé au doctrinarisme de l’École ; il avait vécu à Gênes, à Florence, à Milan, c’est-à-dire dans des villes de physionomie très variée, et qui offraient aux yeux les spectacles d’un art très spontané. Il n’avait fait que passer à Rome : grand avantage à une époque où l’on n’y séjournait point sans subir la mainmise de l’antiquité et, ce qui était plus