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Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/61

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napoléoniens ; au fond il était, sinon légitimiste, au moins d’esprit conservateur. On a exagéré d’ailleurs ce qu’il devait à Napoléon, comme on a exagéré la reconnaissance qu’il en avait gardée ; nous le verrons à propos des peintures de la coupole du Panthéon. Mais les circonstances n’étaient plus en rapport avec les tendances de son génie, qui avait besoin de rencontrer des événements à sa taille et qui ne se mouvait amplement que dans l’héroïsme.

Les conditions intellectuelles n’étaient pas meilleures pour lui, car c’était le moment où se préparait, dans l’art comme dans la littérature, la révolution dite romantique. Les symptômes partout visibles d’un changement excitaient les colères des classiques et leur faisaient sentir la nécessité d’agir énergiquement pour ramener l’art aux « saines doctrines » et aux « grands sujets ». En 1813 déjà, le peintre Bertin écrivait à son confrère Fabre, alors à Rome : « On nous annonce le prochain Salon comme devant effacer tous les précédents. Cette fois, dit-on, les bottes et les culottes de peau laisseront quelque place aux héros d’Homère… » Il ajoutait : « J’ignore si Gros quittera pour cette fois l’histoire moderne[1]. » On voit que celui-ci passait bien pour le représentant de l’art non académique.

Or Gros, comme les hommes de pur instinct, ne savait

  1. Cette citation et beaucoup de celles qui suivent sont prises dans Les correspondants du peintre François-Xavier Fabre (1808-1834) ; Lettres inédites publiées par M. L.-G. Pélissier, 1896.