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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/131

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l’hallali

Sa dévotion à la Vierge de la petite chapelle alors s’exaltait : il la suppliait de conserver ses miséricordes aux arbres vénérables, se frappant de grands coups la poitrine par contrition pour ses péchés.

Or, un matin étant à balayer avec son vieux valet devant les portes, ils entendirent un bruit de chute amorti par la sourdeur des airs. Tout de suite, il pensa à son bois : les hautes essences, frappées au pied par le pic, ont, en s’écroulant, ce fracas écartelé de tonnerre. Lui-même eut un han ! comme sous la cognée et pour ne pas blasphémer se mordit le poing jusqu’au sang. Nul doute, c’était un des vieux chênes qui là-bas craquait sous le poids des neiges. D’un saut, il fut à la tour ; mais, cette fois, il ne put rien voir à travers la tombée drue des flocons.

Comme il allait redescendre, coup sur coup, le bois de nouveau s’abîma, faisant gronder le cœur sonore de la tour. Il manqua rouler, se reprit, dégringola les degrés et soudain tomba sur le Vieux qui remontait avec un morceau de plancher qu’à la hache il venait d’abattre pour se faire de la bûche. Jean-Norbert, dans son trouble, oublia de lui tirer son coup de bonnet.

— Maraud ! l’as-tu vissé ? cria le père en lui