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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/144

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l’hallali

Barbe comprit enfin qu’il s’agissait de Monsieur et de ses folles dépenses. Elle-même en était troublée et lui dit son idée : sûrement, il devait avoir une cachette où il enterrait un trésor.

— Je ne te le disais point, mon bon homme, pour ne point t’exciter, mais le jour où ça m’est entré dans la tête, ça n’en est plus sorti. Veux-tu que je te dise ? Il doit avoir là des mille et des mille et pis encore. Ce n’est toi ni personne qui m’ôtera cela de la jugeote.

Jean-Norbert, l’entendant parler d’un trésor, avait tressailli. Jamais il ne lui avait dit les cachettes où lui-même mettait son argent ; il crut qu’elle se doutait de quelque chose et le regardait : il avait baissé les yeux.

— C’est que, voyez-vous, ma bonne femme, jamais je n’ai pu serrer dans le coffre plus d’un napoléon à la fois, moi, fit-il doucereusement ; tous me partaient des mains l’un après l’autre comme de la criblette d’avoine. Et, comment qu’y aurait fait, lui, pour se faire un trésor qu’on ne connaîtrait pas ? Dis voir. J’sais bien que de sa pension, y ne nous revient pas un liard. Si ça se pourrait, il en nourrirait plutôt les pourceaux. Et, alors quoi ! j’vois pas comment y pourrait s’être fait un trésor.

Mais Barbe tenait à son idée. Un seigneur comme celui-là, un homme qui avait eu des