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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/153

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l’hallali

Le charron, deux petites braises pétillant au fond des yeux, avait un moment de bonne gaîté,

— Le compte ? dit-il en se touchant le front. Ben sûrement, je l’ai là et j’sais ce qu’y a dessus, même qu’y s’fait gros, c’compte et qu’on voudrait là un petit arrangement. J’suis point pressé, mais tout de même un petit arrangement, là, comme quoi M’sieu le baron me signerait un papier, ça me ferait ben plaisir.

— Hein ?

— Écoutez, écoutez, j’puis venir à mourir, pas ? J’suis pas autrement fait qu’un autre et alors quoi qu’y arriverait ? On ne trouverait pas un papier, pas ça. J’sais ben qu’avec M’sieu le baron, y a rien à craindre et qu’y serait le premier pour dire : « Piéfert était un brave homme : y ne comptait pas avec moi. » Ah ! oui, que je n’ai jamais compté avec M’sieu le baron. On était des amis, pas ? Et M’sieu le baron ne voudrait pas nous faire tort d’un centime, à moi et à la particulière et aux enfants après moi. Alors voilà, n’y aurait qu’à signer un papier comme quoi M’sieu le baron reconnaîtrait me devoir la petite somme de dix mille trois cent quarante-deux francs et six sous, tout juste comme y a qu’un bon Dieu.

— C’est bien la première fois que j’entends parler de ce compte, dit Monsieur, très calme : tu