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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/168

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l’hallali

nue de sa vie présente, lui faisait honneur. Lechat lui présenta sa fille, un gros fruit sain de plein air ; il lui fit aussi connaître son fils, rond et gras, d’un sang de bonne cuisine et qui, l’air finaud d’un futur maquignon, tout de suite lui déplut.

— Ta fille, c’est bien, déclara-t-il. Mais quant à ton fils, attention ! Il te plumera vif si tu n’y prends garde. Et tu sais, je m’y connais, moi qui ai été plumé de partout !

Lechat lui offrit un dîner pour lequel il avait fait venir un des cuisiniers renommés du pays. Par malheur, il but un peu trop et s’oublia jusqu’à se montrer familier. Monsieur ne dit rien, mais au dessert, tira la nappe à deux mains et par la fenêtre la vida de son argenterie et de ses cristaux dans le parc de rhododendrons qui s’étendait au-dessous.

— De mon temps, mon cher, voilà ce qu’on faisait pour s’amuser, lui dit-il. Je tiens à ce que les gens qui m’ont appartenu gardent les bonnes traditions.

Ce coup de patte un peu rude et qui s’accompagnait d’une casse coûteuse en eût déconcerté bien d’autres. Mais Lechat, bon joueur, simplement ouvrit les portes vitrées du dressoir :

— Si monsieur le baron veut s’amuser avec le reste…