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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/196

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lite gaîté, trépignant et tapant avec les mains sur le bras de son fauteuil.

Tout le monde savait qu’il n’avait jamais été très éveillé d’esprit et que sa sœur le traitait en vieil enfant gâté, le dorlotant et s’émerveillant de sa peau de bonbon vernissé. Mais quelquefois ce petit homme puéril s’emportait d’une colère de singe des petites races : elle tâchait alors de le calmer en le berçant dans ses bras ou bien en douceur lui donnait une petite claque qui avait raison de ses indisciplines. Dans un excès d’adoration, elle ne semblait pas avoir conscience de ses lacunes.

— Il n’y a personne qui s’entende à donner un bon avis comme mon frère Aurélien, disait-elle. C’est un esprit réfléchi et qui ne parle pas à la légère. Quand il a dit une chose, on peut être sûr que c’est la bonne, et il n’est pas besoin de revenir dessus.

Cette fois, le petit oncle rose ne parut pas témoigner d’un entendement bien précis. Sa mimique, amusée et falote, eut l’air de se rapporter à un événement sans analogie avec la parole compassée de la tante Élisabeth.

— Mon frère, reprit-elle, nos parentes ne passeront pas les deux jours avec nous. Elles manquent ainsi aux devoirs de la famille. Ne le pensez vous pas comme moi ?