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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/267

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LXVIII’HALLALI

tant le taillis, près de la maison, avait fait lever un faisan : elle avait visé, mais trop bas. Un peu après, le domestique, ayant fait un lâcher de pigeons, elle en avait tué un. Ç’avait été son premier coup de feu : son second fut pour le lièvre qu’elle culbutait. Lechat s’émerveilla.

— Cette fois, mamzelle, ça y est. Mâtin ! une belle prise ! Vous avez l’œil, j’ai vu ça tout de suite. Hé ! Hé ! y aurait danger à se trouver au bout de votre canon. Vous abattriez votre homme comme vous avez abattu le lièvre.

Elle tressaillit, le regarda :

— Ce n’est pas la même chose, dit-elle.

— Oui, la première fois. Une nuit, j’ai tiré. On n’a rien trouvé, mais tout de même l’idée que l’homme aurait pu être blessé me laissa de l’ennui. Une autre fois encore j’ai tiré : cette fois on a trouvé du sang dans le jardin. Eh bien ! J’y étais fait, je n’ai plus rien senti.

Un rat sauta à l’eau ; sa petite tête fine pointait droite dans le sillage rapide de la nage. Elle tira.

— Ça ne valait pas le plomb ! riait-il.

— Laissez donc, c’est pour me faire la main, répondit Sybille un peu rudement.

Sitôt qu’elle épaulait, ses nerfs se tendaient ; l’œil au point de mire, elle subissait la petite angoisse froide de l’attente ; et puis la détonation