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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/273

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LXXIV’HALLALI

race vivait, régnait la démence d’un vieil homme furieux ! Elle seule, dans la famille avilie, avait gardé l’âme claire des Quevauquant. À quoi bon !

Elle roula de l’arbre et, s’écrasant les seins contre terre, elle s’abandonna, dans le soir humide, à de rauques sanglots sans larmes. Mais des voix venaient de l’autre extrémité du bois, l’une haute et grêle, l’autre plus rude et presque celle d’un homme. Et puis, ce fut un petit râle, comme un cri d’animal blessé.

— Jaja ! pensa-t-elle.

Elle rentra au moment où le vétérinaire, appelé en hâte, tirait sur le bras de Jean-Norbert, tâchant de rabouter les os. Étant à ses pommiers, il avait eu un coup de sang et était tombé à bas de l’échelle : la chute heureusement avait été amortie par un petit tas de regain sur lequel il avait roulé. Jumasse, qui emplissait un sac près de lui, l’avait fait revenir assez promptement en lui soufflant dans la bouche et lui claquant les joues. L’accident était sans gravité, le bras n’ayant pas de fracture ; le vrai mal était plutôt dans le coup de sang qui avait déterminé la chute. Le vétérinaire, arrivé avec sa trousse, avait pris sa lancette et piqué la veine.

Sybille le trouva au lit, le bras replié et soutenu par un linge dont le nœud, derrière son cou,