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Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/281

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L’HALLALI

la mort, c’est qu’y a queque chose d’sus la famille.

On fut généralement d’avis que c’était le moment de régler les comptes. Un matin, en s’en allant au bois, Jean-Norbert tomba sur Pourignau qui lui reparla du sien.

— Jean-Norbert, faudrait tout de même voir à voir. Quand j’achète une vache ou un veau, c’est avec de l’argent que j’paie. Pour sûr, on est des amis : je t’aurais rien demandé, si m’sieu le baron m’avait signé un papier comme aux aut’ ! Mais, je lui ai dit, y m’a répondu comme ça que les petites sommes, ça te regardait. Ah ! c’est point des mille et des mille comme avec le charron et m’sieu Lechat ! D’abord, j’aurais point pu et puis ceux-là c’est des malins. Quand peu après, môssieu ton père aura passé, y viendront avec leur papier et y t’mettront à la porte en disant que tout est à eusse.

Jean-Norbert l’injuria.

— J’te connais point. T’es un voleur, v’là tout ce que j’sais.

— C’est bon ! fit l’autre. Alors, c’est comme j’ai dit, on ira au juge. M’faut mon argent.

Ce Pourignau était un géant doux et stupide, avec une tête de mouton. Il tournait déjà les talons quand le paysan, se ravisant :

— Écoute ! on t’baillerait ben eun’ pièce, eun’