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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/127

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Il partait, revenait, passait un quart d’heure à insister sur toutes sortes de recommandations, et madame Lamy lui disait :

— Oui, oui, soyez tranquille… C’est bon… Je ferai tout ce qu’il y a à faire.

Elle mettait alors tiédir de l’eau sur le feu, lavait les mains et la figure de Jean, rangeait la chambre, plaçait une nouvelle mèche dans la veilleuse, ensuite s’asseyait dans le grand fauteuil et tricotait.

Le docteur arrivait à dix heures, posait ses gants et son chapeau sur la table et disait en entrant :

— Eh bien ! comment allons-nous ce matin ? La nuit s’est-elle bien passée ? Avons-nous encore eu les grands coups dans la tête ?

Il tâtait le pouls de Jean, écoutait ses explications, hochait la tête de haut en bas et grommelait :

— C’est cela… c’est cela… Oui, parfaitement cela.

Puis, au bout de cinq minutes, il s’en allait, après avoir écrit une ordonnance, et madame Lamy l’accompagnait jusqu’au palier, lui demandant :

— Eh bien, monsieur le docteur, comment va notre malade ?

Et depuis quelque temps le docteur répondait :

— Très bien. De mieux en mieux.

Jean, en effet, ouvrait à présent les yeux, reconnaissait les personnes qui l’approchaient et prenait un peu de bouillon deux fois le jour. Il était tout jaune et si maigre que son petit corps se moulait à peine dans les couvertures ; mais il ne criait plus comme les huit premiers jours en mordant ses draps, et il n’avait plus qu’un grand mal sourd à la tête, le soir surtout.

Une chose qui étonnait tout le monde, c’est qu’il ne parlait jamais de sa mère, dans ses moments lucides,