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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/184

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et chaque fois que la pâte faisait boule, la saupoudrant avec un peu de farine nouvelle, afin de l’augmenter à mesure.

Rien n’était plus blanc que la planche sur laquelle elle pétrissait, si ce n’est la farine elle-même, et petit à petit la pâte jaunissait, à cause des œufs qui étaient dedans.

Un grand feu de braise brûlait dans le poêle, et chaque fois que les étincelles pétillaient, la muraille se rougissait du haut en bas, car il faisait encore noir dans la chambre ; et l’ombre des toits de l’écurie augmentait l’obscurité.

Quand la pâte fut bien remuée, elle l’étendit dans la plus grande de ses formes, et Martine la porta au four d’où sortait une odeur saine de bois brûlé.

Puis Martine alluma, dans la grande chambre proche de la cuisine, six grosses souches de bois qui se mirent à flamber gaîment ; et il y avait dans cette chambre une haute cheminée à manteau, avec des chenêts en cuivre poli posés contre des plaques de porcelaine vernie.

Martine ensuite cala une grande planche sur deux chaises rapprochées du feu et apporta la pâte pour les galettes, le pot de beurre et le gaufrier.

La meunière graissa d’abord le gaufrier, puis, ayant étalé dessus les petits rouleaux que Martine taillait à mesure dans la pâte, elle ne cessait de tourner le fer, de peur que la galette brûlât. Elle n’en manqua qu’une seule que Martine mangea, et toutes les autres sortirent du feu régulièrement quadrillées, avec une belle roussissure.

Les voilà toutes sur la planche, l’une à côté de l’autre, exhalant un doux parfum d’amande et de pâte chaude, et l’on ferme soigneusement la porte, parce que la grosse chatte noire voudrait bien entrer. Alors, Mar-