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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/187

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voulue depuis longtemps, ils ont grandi ensemble et ils se sont aimés. Quand a-t-il commencé à l’aimer ? Il n’en sait rien et elle non plus. Il leur semble qu’ils se sont aimés toujours. Ah ! il parlera ; il implorera son père et sa mère ; il leur dira que Chicord veut épouser Monique. C’est maintenant qu’il sent combien il l’aime.

Devisant ainsi, Donat rentre au moulin : il dételle le cheval, après avoir poussé la charrette sous le hangar. Mais il voudrait voir Monique et il traverse le pré, espérant qu’elle se trouvera derrière la haie. Monique est fille de bon conseil : il lui demandera ce qu’il doit faire.

Hélas ! c’est en vain qu’il jette contre la fenêtre une poignée de cendres et qu’il tousse pour la faire venir : Monique ne paraît pas.

Alors il s’en retourne à la maison, la tête basse, et au tournant du chemin il aperçoit derrière la vitre la grande clarté tranquille de la lampe.


III


La meunière se ploie sur la planche et ses mains, jaunies par la lumière, s’agitent comme des feuilles de tremble.

Le meunier passe en ce moment devant la lampe, disparaît dans le fond de la chambre, puis reparaît avec sa veste blanche et sa casquette enfarinée ; et tout à coup il met la main sur l’épaule de la meunière ; et tous deux se regardent en riant. Donat voit ces choses, mais il ne sait ce que son père et sa mère se disent entre eux.

Or, la meunière pétrit une belle pâte et le poêle