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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/235

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Le lendemain, Piet Snip arriva vers la brune. Aussitôt Claes Nikker se mit battre de toutes ses forces le cuir sur la planche. Certainement le bon garçon aurait eu besoin d’une latte dans le dos pour se tenir ferme sur ses jambes.

— Maître, dit-il, mes parents m’envoient pour vous rappeler que c’est demain la Noël.

— Oui, garçon, c’est demain la Noël, dit Nikker, je le sais aussi bien que votre père et que votre mère, Piet, fils de Lukas.

— C’est à six heures qu’on mange le boudin.

Et Piet à travers sa culotte, très fort se pinçait la jambe pour se donner du courage.

— Ah ! ah ! on mange le boudin chez vous, Piet ?

À six heures ? C’est très bien, je sais ce que j’ai à faire. Bonsoir, fiston.


VI


La Noël arriva tout en blanc, au son des cloches et des chants d’église, et dans le village, chacun, en se levant, souhaitait la bonne fête à ses parents et à ses amis.

— Truitje, dit Claes Nikker, nous irons ce soir manger du boudin chez les Snip.

— Oui, oncle Claes, cria la jolie fille en lui sautant au cou. Et voici une belle cravate que je vous ai faite votre fête de Noël. Vous la mettrez ce soir pour plus beau que Lukas Snip.

Et l’oncle Claes pensa en lui-même :

— Truitje est une bonne fille pour moi et sera une bonne femme pour son mari.