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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/259

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— Qui ça ? Moi, dur, Leentje ? On m’a toujours dit que j’avais un cœur de poulet.

— Vous le rudoyez.

— Le rudoyer ! moi ! Sortirez-vous à la fin, vilain rat ?

Le petit mendiant regarda l’argent qu’il avait dans la main, murmura quelques mots que personne ne comprit et gagna la rue. Au moment de sortir, il leva ses yeux noirs sur Jean, avec colère.

— Allez ! allez ! lui cria Jean, je me moque de vos grands yeux. Vous ne pouvez rien contre moi. Je suis ici dans un bon service où je ne manque de rien et où je gagne de bon argent. Propre à rien ! Brigand !

Et la porte se ferma.


II


Le petit joueur de violon remit son chapeau sur sa tête, serra autour de ses reins le vieux manteau bleu qu’une corde attachait à son cou et se mit à remonter la rue en frappant ses pieds gelés sur le pavé plein de neige.

Le soir tombait et le long des façades les vitres s’éclairaient l’une après l’autre. Des lampes brillaient sur les tables. De temps en temps, une fenêtre s’ouvrait sur la lumière chaude des chambres ; un homme ou une femme se penchait, fermait les volets. Les vitrines des boutiques, scintillantes de givre, étalaient des arabesques, légères comme des dentelles, sur lesquelles dansait l’ombre des brosses, des torchons, des paquets de chandelles et des nattes en paille qui pendaient