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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/29

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avec lequel il l’assouplit à ses sujets flamands, pour saisir sa véritable originalité. »

Bientôt la Vie littéraire, une petite revue qui succéda à la République des lettres et précéda, je crois, la Jeune France, fournit à mes archives ce joli jugement de M. J. K. Huysmans :

« Tout à coup, Lemonnier change de manière. Il ferme ses écrins, éteint ses feux. Le style se serre, la phrase n’a plus cette hâte fébrile, ces cahots, ces soulèvements joyeux qui l’emportent et la font jaillir, elle se dépouille également de sa grandesse fastueuse, de ses traînes éclatantes. L’artiste la tisse à nouveau, la teint de couleurs plus amorties, arrive soudain à une simplicité puissante, à un campé d’un naturel vraiment inouï. Les scènes de la vie nationale sont sur le chantier. L’auteur va nous retracer l’existence des déshérités du Brabant, et alors défilent devant nous six nouvelles merveilleuses : La Saint Nicolas du batelier ; le Noël du petit joueur de violon ; un mariage dans le Brabant ; Bloementje ; la Sainte-Catherine et le Thé de la tante Michel.

« Le coloriste endiablé que nous avons connu, le contemplateur enthousiaste des automnes dorés, se change en un observateur minutieux. L’émotion ressentie en face du paysage s’est reportée sur l’être animé, vibre maintenant plus intense et plus humaine. Le naturaliste, l’intimiste a fait craquer le masque du poète et du peintre. Un nouvel écrivain