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Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/44

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Riekje, est-ce que vous m’embrasserez, la mère ? dit le grand Dolf en riant de tout son cœur et en jetant un de ses bras autour du cou de la bonne Nelle, tandis qu’il tenait l’autre bras caché derrière son dos.

— Taisez-vous, méchant garçon, répliqua Nelle, demi fâchée demi riante ; comment est-il possible que Riekje ait du lait sous sa chaise ?

— Me baiserez-vous ? répétait le jovial garçon. Une… deux…

Alors elle se hâta de dire à Riekje :

— Allons, levez-vous, la belle fille, pour savoir si je baiserai votre garnement de mari.

Dolf se baissa vers Riekje, chercha longtemps sous sa chaise, feignant de ne pas trouver d’abord ; et doucement il lui chatouillait le mollet ; et enfin il leva triomphalement le pot à lait au bout de son bras. Et il criait de toutes ses forces, son poing sur la hanche :

— Qui sera baisé, la mère ? Qui sera baisé ?

Et tout le monde riait aux éclats de cette bonne farce.

— Dolf, embrassez Riekje ; les mouches aiment le miel, criait la bonne Nelle.

Le drille fit un cérémonieux salut à Riekje en rejetant le pied en arrière et appuyant la main sur son cœur, comme on fait chez les gens riches, et il lui dit :

— Âme de mon âme, me sera-t-il permis d’embrasser une aussi belle personne que vous ?

Puis, sans attendre la réponse, Dolf passa son bras autour de la taille de Riekje, et, la soulevant de sa chaise, il colla à son cou ses grosses lèvres de bon enfant. Mais Riekje, ayant tourné à demi la tête vers lui, ils s’embrassèrent sur la bouche un bon coup.

— Riekje, dit Dolf, en passant sa langue sur ses joues, d’une façon gourmande, un baiser comme cela vaut mieux que de la ryspap.