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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/105

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tuer, mais de l’enlever : on veut « l’avoir vivant ». Une fois pris, on le transportera en un temps de galop jusqu’à la côte ; on l’embarquera pour Jersey où il attendra que le cabinet britannique décide de son sort. On se propose de l’envoyer finir ses jours à l’île de Sainte-Hélène. Si l’on parvenait à coordonner les multiples mouvements qu’exigeait pareille entreprise ; s’il était possible que le Prince attendu se présentât aux portes de Paris immédiatement après la disparition du Consul, il paraissait bien probable que c’en serait fait de la république.

De tous les dangers dont elle était menacée, la descente éventuelle d’un Bourbon sur la terre de France « inquiétait surtout le gouvernement ». C’est l’incessant cauchemar de tous ceux qui ont trempé dans la Révolution, des régicides surtout. Depuis le 21 janvier 1793, ils sont obsédés par la peur des représailles qu’exerceront les frères de Louis XVI, s’ils reparaissent jamais ; toute la politique des thermidoriens et du Directoire fut fondée sur cette appréhension. Bonaparte n’a pas les mêmes raisons de crainte et proclame hautement son horreur des régicides ; néanmoins, il redoute également une manifestation des princes légitimes : « leur nom seul l’effraya plusieurs fois », note Bourrienne. Il veut « élever un mur d’airain entre la France et eux ». Singulier prestige