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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/114

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Gaillard ; sans compter tous les X que désignait seulement un chiffre ou une initiale.

On le voit, Fouché n’avait qu’à choisir ; mais son diabolique génie l’avertissait sûrement qu’il fallait, pour prendre Georges, bien gardé par ses chouans, d’autres ruses que celles coutumières à ses espions des salons ou des cafés parisiens. Voici la lettre qu’il écrivait, le 23 juillet ; le personnage s’y peint sans pudeur : « Georges est dans le Morbihan ; poursuivez-le… avec la plus vigilante activité. Le Premier Consul est vainqueur en Italie ; il faut qu’il le soit partout. N’épargnez aucun des chefs qui voudront relever la tête ; fusillez-les sans pitié. Nos agents commencent à être connus et compromis : j’en mettrai d’autres à votre disposition : ce sont des gentilshommes, des ci-devant, qui, par leur nom et leurs titres, sont estimés de tous les chouans ; ils obtiendront facilement leur confiance et nous les livreront à l’heure dite. » C’est donc bien à lui, l’ancien fusilleur de Lyon, que remonte la responsabilité de cette infernale machination. Grâce aux renseignements dont il dispose, il va choisir, parmi les anciens compagnons de Georges, ceux que la détresse asservit ; il les paiera bien pour les décider à trahir le chef qu’ils ont aimé. Un tel raffinement de perfidie inspire tant de mépris pour le ministre qui commande qu’on est presque pris de pitié pour les misérables qui lui obéissent.