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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/118

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un peu plus explicite : le candidat traître avoue « qu’il a eu de la fortune, qu’il a servi sous l’ancien régime, et a professé des opinions entièrement opposées à la révolution » ; il réunit donc toutes les chances d’inspirer la plus grande confiance à l’homme qu’il veut livrer. Son projet reçut-il un commencement d’exécution ? L’anonyme correspondant fut-il l’un de ces nombreux inconnus qui, ayant réussi à pénétrer jusqu’à Georges, disparurent sans que jamais personne ait pu dire où et comment ils ont fini ? On l’ignore. Certains épisodes qui vont suivre montreront ce qu’il advenait de ces malheureux lorsqu’ils parvenaient à atteindre leur but.

En ces six derniers mois de 1800, Georges était traqué avec un acharnement rageur. Le 13 août de cette année-là, les Consuls avaient bien signé un arrêté d’amnistie pour tous les faits relatifs à la Révolution ; mais les « brigands » morbihannais, leurs chefs surtout, étaient tacitement exclus de cette mesure de clémence. Les fonctionnaires de tous grades s’évertuaient pour satisfaire aux ordres de Fouché. Dès juillet, une grande battue fut dirigée sur la région d’Auray qu’on savait grouiller de chouans. On ne trouva rien. N’importe, Bernadotte se flattait d’être sur la bonne piste : déjà il annonçait au Premier Consul la prise imminente de Georges, et, quelques jours plus tard,