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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/122

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D’autres le virent également, chassant en compagnie de deux de ses lieutenants ; Georges, toujours très informé des mouvements de troupes patrouillant dans le pays, transportait sa résidence suivant les avis reçus journellement de Vannes sur les déplacements éventuels des bleus ; des sentinelles bien dissimulées veillaient nuit et jour à sa sécurité ; et puis, en cas de péril menaçant, il se réfugiait à cette Île du Bonheur que les espions du commissaire Charron avaient signalée à plusieurs reprises et où il était inattaquable.

L’Île du Bonheur n’est pas une île ; on appelait ainsi l’extrémité de la presqu’île de Locoal qui, s’avançant dans une baie formée par la rivière d’Étel, ne tenait, et ne tient encore à la côte que par une étroite jetée. Après un parcours d’une demi-lieue dans cette presqu’île, un isthme, que la marée haute recouvre, conduit à une langue de terre où se trouve le petit hameau de La Forest. L’endroit est facile à défendre, l’ennemi ne pouvant s’en approcher par surprise ; on tenait toujours prêtes des barques pour emmener le chef royaliste au loin, grâce au dédale de bras de mer que forme l’estuaire de la rivière. Bien avant la Révolution, des contrebandiers avaient pratiqué dans ce lieu isolé des cachettes voûtées, propres à servir de casemates et de magasins de munitions.

Georges vivait au hameau de La Forest