Aller au contenu

Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

père et il ne s’est mêlé à aucun rassemblement.

Il est mis au secret et, dans la crainte que les chouans ne viennent le délivrer, on décide de le conduire à Lorient. Ces ordres de transfèrement équivalaient à un verdict de mort : c’était un moyen fort employé pour se débarrasser d’un suspect que tout tribunal eût acquitté. On prétextait une tentative d’enlèvement, on abattait l’homme : c’était un brigand de moins et un crime de plus qu’on portait à l’actif des royalistes. Ne pouvant prendre Georges, on allait l’atteindre en la personne de son frère.

Le pauvre Julien ne s’illusionnait pas : dans son cachot, il chantait une complainte en langue bretonne, improvisée pour adresser un poétique adieu à la vie, aux vertes campagnes de Kerléano, à son père, à ses frères, à ses amis, à ses chevaux, à ses chiens.


Où est allé mon frère Joseph,
Puisque je ne l’entends plus chanter ?
Où est allée ma sœur Marie,
Puisque je ne la vois plus dans la maison ?
Les chevaux de mon père que je menais paître
À la prairie, où sont-ils allés ?
J’ai perdu mon bonheur.
Je le cherche partout et ne le trouve pas.


Le 8 février, — un dimanche, — il est extrait de la prison ; quarante fantassins et quatorze gendarmes vont lui faire escorte ; on prend la route de