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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/158

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Guillemot n’en est pas étourdi ; il empoigne l’homme à bout de bras, le lance dans la douve remplie d’eau qui entoure la ferme ; il s’enfuit vers les champs : un troisième ennemi l’y guette, le tire, l’atteint à l’épaule. Le chouan le renverse, l’assomme, puis court à la rivière, la Claye, qui coule à quelque distance, y plonge, la traverse à la nage et disparaît dans les bois. Il est sauvé, jusqu’à la prochaine alerte.

De Paris se succèdent, sans discontinuité, les instructions draconiennes : « Pas un brigand ne doit être reçu à soumission, tous doivent périr sur l’échafaud. » « Il ne reste plus qu’un petit nombre de ces scélérats : il faut les détruire. » Plus de quartier ; les derniers royalistes, « clairsemés, sont réduits à une vie de fauves, à une sorte de mentalité également sauvage ». L’un d’eux a dressé une liste, bien incomplète, des camarades dont il connaît le sort ; il en compte 33 dont 11 sont emprisonnés, 5 embarqués pour Saint-Domingue, 2 massacrés et 15 fusillés… Au grand dépit des policiers bleus, Georges n’est pas de ceux-là : on l’a cherché jusque dans l’île du Met, rocher perdu en mer, à quatre lieues de la côte, en face de l’embouchure de la Vilaine, et bien qu’on croie le voir partout, qu’on décrive même son costume, — habit gris galonné, cordon rouge, — quoiqu’on signale l’escorte de vingt-cinq hommes, habillés de rouge, dont il est suivi, on ne parvient pas à le prendre.