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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/166

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considéraient comme un défilé de phénomènes cette phalange de Français intrépides qui déjà appartenaient à la légende, et, qui, tous, portaient l’empreinte dont sont marqués les hommes familiarisés avec tous les dangers, rompus à toutes les fatigues, résignés à toutes les misères, tels que celui qu’avait vu à Londres Chateaubriand et qu’il peint en quelques traits magnifiques, « gardant l’air indifférent du sauvage parmi les jeunes émigrants sémillants et bavards ; son regard était grisâtre et inflexible ; sa lèvre inférieure tremblait sur ses dents serrées ; ses poignets rugueux étaient tailladés de coups de sabre ; il ne parlait pas plus qu’un lion, il se grattait comme un lion, bâillait comme un lion… et rêvait apparemment de sang et de forêts ».

Georges savait ce que l’on pouvait attendre de ces lions muselés ; comptant faire bientôt appel à leur courage, et redoutant pour eux l’inaction, il leur conseillait de « s’entretenir » ; à Guillemot, qu’il leur avait assigné comme chef, il recommandait : « Faites monter constamment à cheval les hommes propres à notre entreprise, — le « coup essentiel » ; — qu’ils galopent vivement ; qu’ils sautent les fossés ; qu’ils se chargent… Je crois que le bois entre Romsey et Winchester est propre à vos cavalcades… » Il vint les inspecter et fêter avec eux le jour des Rois, au début de 1803 ; il était accompagné de son aide de camp, Joyaut, dit d’Assas ; il en invita quelques-uns à