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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/19

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raissait surtout lors de la réunion des États, alors que, précédé de hérauts, tout brodés d’hermines et de fleurs de lys, montés sur des chevaux caparaçonnés de housses traînantes en drap d’argent, le clergé s’avançait au son des trompes, portant robes violettes et rochets de guipure, mitres en tête, croix d’or au cou, suivi des 965 nobles en habit à la française, avec le catogan poudré et l’épée au flanc. Les gens du Tiers venaient derrière, obligatoirement vêtus de noir, comme s’ils devaient à jamais porter le deuil de leurs légitimes revendications.

Dès la première séance, le 29 décembre, le président du Tiers, Borie, eut l’audace d’interpeller les privilégiés : « Messieurs, dit-il, quand l’assemblée se fut constituée, vous n’irez pas plus loin sans nous entendre… » Le Clergé et la Noblesse font sourde oreille. Le 31, nouvelle protestation de Borie exigeant l’examen des griefs de son ordre. On ne l’écoute pas. Alors le Tiers tout entier, aux enthousiastes acclamations des tribunes publiques, déclare qu’il se retire, frappant ainsi d’impuissance et de nullité toute délibération des États. La guerre était déclarée : pamphlets, libelles, batailles dans les rues de Rennes. Un journal rédigé par « un écrivailleur », — qui n’est autre que Volney, — prêche au peuple la révolte ; on colporte des mots qui font traînée de poudre : un gentil-