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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/190

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Nous ne voulons de mal à personne ; n’ayez pas de crainte : nous ne sommes ni des brigands, ni des Anglais… » Pour calmer ses scrupules, il l’invitait à dîner, soit à Pontoise, soit à Paris, à l’Hôtel de Bordeaux, où il logeait, lui payait de bons repas, des réjouissances variées ; il l’emmena même un jour, après le passage de Georges, à la fête de Saint-Cloud. Le paysan acceptait ces bombances, la conscience et les yeux fermés ; cependant l’ami Houvel l’ayant convié à déjeuner en compagnie de Massignon, le fermier de Saint-Lubin, et leur témoignant, après boire, son grand désir d’entrer en relations avec M. Macheret, que Massignon connaissait et qui n’était autre que le cocher du Premier Consul, les deux hommes furent pris de peur et l’un dit à l’autre : « Je voudrais être mort plutôt que m’être mis dans tout ça. » Mais ils ne s’empressaient pas moins d’ouvrir leur porte à toute heure de la nuit, quand la voix d’Houvel les appelait pour les inviter à guider « des amis » à travers bois et champs. Souvent le Gros était du voyage, toujours accompagné d’un homme « très noir et très laid, qu’on appelait Joseph » : c’était Picot, le fidèle domestique. Et, quelques jours plus tard, on ne manquait pas de le voir repasser, ramenant une bande de « nouveaux » qui, le soir, se groupaient autour du feu et parlaient, à voix sourde, de choses qui paraissaient les émouvoir vivement.