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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/200

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Quelle fin ignominieuse d’une vie toute d’abnégation et de ferveur passionnées !

Savary a raconté, non sans quelque complaisance, comment, en arrivant déguisé à Biville, il aperçut, dans la chaumière du pêcheur Honoré, une table chargée de cruches de cidre, de grandes tartines toutes coupées et d’un gros pain de beurre, destinés à restaurer les débarqués. Il amenait de Paris le fils Troche, qui ayant présidé aux premiers atterrissages, et déjà arrêté, allait gagner sa grâce en donnant au Vincejo le signal convenu pour l’aviser de l’absence de tout danger. Savary, couché avec ses hommes dans la neige, surveillait les mouvements du cutter anglais, louvoyant par grosse mer, en vue des falaises. Deux jours, trois jours s’écoulèrent sans qu’il pût approcher de la côte. Et un matin, on le vit tout à coup, virant de bord, s’éloigner vers la haute mer… Un homme, dressé au plus haut point de la falaise, venait de mimer, à grands bras, le signal d’alarme et le navire, obéissant, prenait aussitôt le large. C’était, par un dernier prodige, l’ardente initiative de Georges qui sauvait ainsi la vie aux passagers du Vincejo. Déjà traqué dans Paris, du fond de l’une de ses caches, bourrelé d’anxiété à la pensée du péril de ses princes, il avait trouvé le moyen d’avertir, — par quel mystérieux courrier ! — l’un de ses plus dévoués agents, le chevalier de Cacqueray, habitant ordinairement Gournay. Au reçu de