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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/204

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fitant d’un moment où le geôlier qui le gardait s’absenta, il noua sa cravate à son mouchoir, arracha le fil de fer qui maintenait en équilibre le tuyau de son poêle, monta sur son lit pour attacher ce lacet improvisé à un saillant de son armoire, se le passa au cou et se lança. Il « gigotait » désespérément quand le geôlier rentra : « Au secours ! Un couteau, un couteau ! » cria cet homme ; on accourut, on coupa le lacet, le pendu s’abattit aux trois quarts mort, les yeux en sang, le visage tuméfié. À son évanouissement succéda une crise nerveuse qui le secouait dans son lit où deux hommes durent le tenir, puis une prostration profonde dont on profita pour le mettre en présence du grand juge, Régnier. Alors le malheureux dit tout : « Encore couvert des ombres de la mort », il demanda vengeance de Moreau qui avait perdu le parti royaliste en attirant ses principaux soutiens à Paris, sous le prétexte de restaurer la monarchie, pour se rétracter ensuite et leur proposer de travailler pour lui. Bouvet raconta l’entrevue du boulevard de la Madeleine, les pourparlers entre Pichegru et Moreau…, foudroyante révélation, car jusqu’alors la police, croyant n’avoir affaire qu’à Georges et à ses chouans, ignorait la présence de Pichegru à Paris et la complicité de Moreau. Quel émoi aux Tuileries quand y fut portée, dès sept heures du matin, la nouvelle de cette immense conjuration dont Georges, à la