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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/207

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aux provisions, ne rentra pas et l’on apprit qu’elle était arrêtée. La torture pouvait la faire parler et Georges dut quitter la pension Verdet. Où aller ? Charles d’Hozier, qui vivait rue Saint-Martin, dans une chambre de domestique, fut consulté : il indiqua une retraite que la fille Hisay, la pauvre boiteuse qui se dépensait sans compter, avait retenue pour lui-même et qu’il céda généreusement. C’était, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, une pièce dépendant de la boutique d’une fruitière, Mme Lemoine. Georges y fut conduit dans la nuit du 17 par Mlle Hisay, et, le lendemain, deux de ses officiers, Burban et Joyaut, vinrent l’y rejoindre. Tous trois couchaient dans la chambre d’où ils ne sortaient pas ; la fille Hisay et la petite Lemoine, âgée de quinze ans, se tenaient, de l’aube au soir, en surveillance dans la boutique. La nuit venue, elles montaient auprès des chouans et dormaient, séparées par un rideau du lit où ceux-ci reposaient. Ce régime se prolongea jusqu’au 9 mars. Joyaut, qui s’était risqué au dehors, avait découvert, rue du Four-Saint-Germain, la plus sûre cache de Paris, chez un parfumeur, nommé Caron ; on y séjournerait, au besoin, sans appréhension durant des années, car cette cache consistait en l’enseigne même du parfumeur, enseigne qui formait coffre incliné, surplombant la rue, de sorte que les policiers pouvaient fureter dans