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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/214

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signalait par son acharnement régicide et qui, à plat ventre maintenant devant Bonaparte, était chargé d’instruire le procès des conjurés et allait y gagner le poste d’avocat général à la Cour de cassation.

On ne sait quelles furent les impressions de Dubois et de Thuriot en présence du fameux rebelle qu’ils tenaient enfin ; mais Desmarest a noté les siennes et il avoue son étonnement. Au lieu du vagabond farouche, furieux et grossier qu’il attend, il voit un homme à figure sympathique, « l’œil clair, le teint frais, le regard assuré, mais doux, rien de l’aspect d’un chef de complot à mort ». Le juge met à profit le trouble immanquable de l’inculpé pour lui asséner dix heures d’interrogatoire, sans un répit, supplice moral auquel le bandit ne pourra résister ; mais le calme et l’aisance de Georges ne se démentent pas un instant. Ses réponses sont « fermes, mesurées et du meilleur langage » ; il expose que « son projet était d’attaquer le Consul, mais avec des armes égales à celles de son escorte ». Il a seul l’esprit si libre en une telle bagarre qu’il nargue avec hauteur son tortionnaire. Quand on lui présente le poignard pris dans sa poche par l’un des particuliers qui l’ont saisi, Thuriot lui demande si la marque gravée sur la lame n’est pas le contrôle anglais : « Je l’ignore, riposte le Breton ; ce que je puis assurer, c’est que je ne l’ai pas fait