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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/230

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vrirent, « la meilleure société de Paris » s’entassa aux places réservées, l’auditoire public étant gardé presque vide par précaution contre des manifestations possibles : vaine réserve, car, en quelques instants, la salle fut pleine à ne pouvoir s’y remuer. D’après certains récits, il semble que c’était celle où avait siégé le tribunal révolutionnaire, et qu’occupe aujourd’hui la première Chambre du tribunal civil ; pourtant, un dessin tracé par l’un des accusés laisse quelques doutes sur ce point d’intérêt purement topographique. On y voyait, remonté pour la circonstance, le grand échafaudage de quatre rangs de banquettes échelonnées, — de quoi placer cent personnes, — où s’étaient assis les justiciables de Fouquier-Tinville. Mais cette fois, bien plus qu’aux jours de la Terreur, le prétoire était occupé militairement : des soldats, des gendarmes en uniforme ou travestis, des recors de la Police « adroitement disséminés, épiaient les propos, les gestes, les mouvements décelant les sentiments secrets des spectateurs ». Sous la surveillance de tant d’Argus, l’élégante compagnie venue là comme au spectacle, perdit son animation et son assurance ; elle paraissait « frappée de stupeur ». Quand, à dix heures, les huissiers annoncèrent le Tribunal, les juges prirent place et le président donna l’ordre d’introduire les accusés.

Étrange défilé : on voit paraître, entre deux