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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/235

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y réunir les moyens de restaurer les Bourbons. Sur tout le reste il fut stoïque, niant seulement les faits préjudiciables à ses compagnons, même à ceux dont les révélations l’avaient le plus gravement compromis. Tant d’abnégation, de sang-froid, de fierté, de présence d’esprit, de résignation, d’oubli de soi-même et de circonspection à l’égard de ses coaccusés, lui gagnèrent tous les cœurs. Le revirement fut si complet que ceux mêmes qui, la veille, l’avaient conspué, gémissaient maintenant de le voir si allègrement donner sa vie pour sauver celles de ses affidés. Mme Récamier, amenée là par son parent Brillat-Savarin, admirait la dignité froide du chouan breton et fixait sur lui ses beaux yeux attristés : « Cet intrépide Georges, écrivit la froide jolie femme, enfin troublée, cet intrépide Georges… on le contemplait avec la pensée que cette tête si librement, si énergiquement dévouée, allait tomber sur l’échafaud ; que, seul peut-être, il ne serait pas sauvé, car il ne faisait rien pour l’être… J’entendais ses réponses toutes empreintes de cette foi antique pour laquelle il avait combattu avec tant de courage et à laquelle, depuis si longtemps, il avait fait le sacrifice de sa vie… »

Ce qui stupéfiait, c’était la hautaine allure du prétendu rustre, tant d’années nomade, avec ses Morbihannais, dans les landes perdues de sa province : il paraissait, devant ce