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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/241

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rogatoire, avait montré tant de calme, regardait le triomphateur de Hohenlinden « avec une préoccupation mêlée d’attendrissement ». Sans doute songeait-il aux jours lointains où ce même homme, dont la carrière se brisait là, avait lancé à Rennes, lors des derniers États, le premier appel à la révolte, et où lui-même, Georges, alors élève au collège Saint-Yves, applaudissait à cet éveil de l’indépendance. Depuis lors, ils avaient suivi, l’un et l’autre, des routes bien divergentes, — et ils se retrouvaient pourtant…

Vers la fin du procès, une scène imprévue faillit déchaîner l’ouragan. Un général, — c’était Lecourbe, — bouscule inopinément la foule qui se presse dans le prétoire ; il porte dans ses bras l’enfant de Moreau, qui a quatre ans ; il s’avance jusqu’au milieu de la salle et s’écrie d’une voix de commandement : « Soldats, voilà le fils de votre général ! » Tous les gendarmes se lèvent spontanément, la main au front ; tous les soldats présentent les armes ; l’assistance, bouleversée, s’exclame. Les juges vont être enlevés, les accusés libres… Mais non ; Moreau n’a pas bougé ; seul il paraît « ne pas prendre part à ce mouvement » ; et Lecourbe s’éloigne, emportant l’enfant, tandis que Georges dit à ses voisins : « Si j’étais Moreau, je coucherais ce soir aux Tuileries ! »

De ces interminables débats, rien ne ressor-