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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/246

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parure de résidence « impériale ». Dans la joie suffocante on s’y efforce à de nouvelles habitudes : le premier dîner de famille où, entre frères et sœurs, on s’est traité de Majesté et d’Altesses impériales, a été quelque peu guindé. Le maître exige « qu’on s’y fasse le plus tôt possible » ; il n’a pas sourcillé, lui, quand son collègue Cambacérès, parlant au nom du Sénat, l’a, pour la première fois, appelé Sire. Ce jour-là, le ciel est tout noir et il gronde ; certains superstitieux y voient un présage ; mais Sa Majesté l’Empereur est gai et serein ; il s’amuse de la contrainte que le cérémonial met sur tous les visages, car son entourage s’adapte moins vite que lui. Quoiqu’on ait exhumé les vieux traités de l’étiquette, pour voir « comment c’était » à la Cour de Louis XIV ; quoiqu’on ait fait venir de Saint-Germain Mme Campan qui fut au service de Marie-Antoinette, afin de savoir d’elle bien des vétilles sacramentelles dont il faut se bourrer la mémoire, on se perd un peu dans les nuances entre les Princes et les Altesses, entre les Altesses impériales et les Altesses simplement sérénissimes, les Monseigneurs et les Excellences ; on n’est pas familiarisé avec les titres de grand électeur, de connétable et d’architrésorier. Il faut réapprendre à marcher, connaître qui aura « le pas » ; les dames du Palais obtiennent quelques préséances, et voilà déchaînées bien des jalousies féminines ; l’accès