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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/251

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Princesses… Mais quelles sensations tumultueuses agitent Mme d’Anglade ! Elle reconnaît ce salon ; elle y a vu, jadis, Marie-Antoinette, « resplendissante de gloire, de majesté et de bonheur… » et elle vient implorer à genoux, de ceux qui la remplacent, la vie de son frère : à genoux ; on a eu soin de la prévenir que cette posture est de rigueur. Quel contraste ! Qu’éprouve-t-elle ? Elle ne s’en rend pas compte. Crainte, douleur, incertitude, espoir ? — Espoir, surtout, car tous ces préliminaires sentent l’arrangement, le résultat d’un calcul politique, d’une scène de drame réglée à l’avance.

Voici la princesse Caroline. Vite, vite, c’est le moment ; et, à la course à travers les salons : — salon de Vénus, salon de la Vérité, salon de Mercure, salon de l’Aurore… Partout des huissiers, des chambellans, des officiers, — une foule. Et tout à coup elle est devant le dieu, prosternée ; elle parle, elle sanglote, elle dit… Elle n’a jamais su ce qu’elle a dit. Lui, debout, immobile, l’écoute ; puis, d’une voix grave, lente, il s’étonne « de trouver le nom d’un gentilhomme, d’un militaire, mêlé à ceux d’aventuriers, de gens sans aveu ». Elle invoque encore la clémence de Sa Majesté et entend enfin tomber ces mots, prononcés d’un ton solennel et digne : « Soyez tranquille ; il ne périra pas. » Elle se relève, balbutiant « un faible remerciement » et se dispose à s’éloigner, quand elle