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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/263

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apprit l’arrestation puis la mort de Georges. Son père et sa mère étaient décédés, sans nul doute, du chagrin que leur avait causé le tragique trépas de leur fils, car, en 1807, alors qu’elle touchait à ses trente ans, Lucrèce se trouva seule. Cruellement éprouvée par tant de deuils, elle se réfugia, en novembre de cette année-là, chez les Ursulines de Château-Gontier, dont le monastère, séquestré pendant la Révolution, se reconstituait à peine ; une aile de l’ancien couvent était encore occupée par la gendarmerie. Lucrèce offrit à l’État sa maison en échange de ce bâtiment ; l’affaire, traînée en longueur, se termina seulement en 1809. Les Ursulines, en reconnaissance de ce grand service, reçurent Lucrèce au nombre de leurs postulantes, sous le nom de sœur Saint-Paul. Très instruite, très habile éducatrice, elle se rendit fort utile à la communauté, quoique sa santé fût affaiblie ; on possède des lettres d’elle qui témoignent d’une piété fervente, n’excluant pas un discret enjouement.

Le 26 octobre 1814, sœur Saint-Paul prononça les vœux perpétuels, interdits, comme on sait, au temps de l’Empire ; et, dès lors, elle n’eut plus d’histoire. Elle mourut à Château-Gontier, le 26 janvier 1831. On dit qu’elle rendit le dernier soupir en pressant sur ses lèvres un reliquaire, seul souvenir qu’elle possédait de son héroïque fiancé.