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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/85

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— Vous voyez mal les choses, lui dit-il, et vous avez tort de ne vouloir entendre à aucun arrangement ; mais si vous persistez à retourner dans votre pays, vous irez aussi librement que vous êtes venu à Paris.

Rentré dans son cabinet, Bonaparte dit à Rapp :

— Pourquoi donc avez-vous laissé la porte ouverte et êtes-vous resté auprès de Bourrienne ?

— Si vous aviez fermé la porte, je l’aurais rouverte, répondit Rapp. Est-ce que je vous aurais laissé seul avec un homme comme cela ? Il n’y a pas de risque !…

— Fi donc ! Rapp, vous n’y pensez pas ! »

Bonaparte, remarque Bourrienne, ne croyait pas à la vertu des hommes ; mais il croyait à leur honneur. Quand il fut seul avec son secrétaire, il parut très peiné du refus de Georges : « L’exagération de ses principes, dit-il, prend sa source dans de nobles sentiments qui doivent lui donner beaucoup d’influence parmi les siens. Il faudra pourtant en finir… »

Plusieurs fois il reviendra sur cette rencontre : à son avis, ceux qui ne voyaient dans le rude Breton qu’un « brutal » se trompaient :

— Moi, j’y vois autre chose… Je n’ai pu parvenir à le remuer. Quelques-uns de ses camarades furent émus au nom de la patrie et de la gloire… il resta froid. J’eus beau tâter toutes les fibres, parcourir toutes les cordes ; ce fut en vain, je le