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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/106

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vages des maraudeurs ; tel accident, et son fils enfin !… N’était-ce pas un bel héritier de toutes ses sueurs ? Lui qui aurait dû être le bras droit de son père, surveiller le travail, mener le bétail aux foires, chercher l’occasion et les bons marchés, au lieu de cela que faisait-il ?

« Rien que de se renfermer dans sa chambre, ou d’errer comme un vagabond, sans même vouloir apporter une seule pièce au garde-manger. N’était-il pas allé, en 1848, jusqu’à tramer la ruine de son père avec un tas de coquins auxquels il prêchait le mal et le bouleversement de tout ? Hélas ! quand le maître n’y serait plus, que deviendrait la maison ? »

Ne voulant point ratifier cet acte d’accusation du fils par le père, Lucien répondit par des maximes tolérantes ; mais le vieillard n’en devint que plus acerbe dans ses récriminations, qui indignèrent à la fin Cécile :

« Monsieur, dit-elle assez vivement, j’ai rencontré votre votre fils hier ; il m’a paru malade et malheureux. »

Elle s’était levée en même temps ; ils prirent congé.

« Eh ! eh ! dit le vieillard en les reconduisant à la porte, il n’est pas, je le vois, si malade, ni si malheureux, puisqu’il jouit du privilège que je n’ai plus, moi, d’intéresser les jeunes et belles demoiselles. » — « Un joli bijou que cette Parisienne, Gothon ! ajouta-t-il, tandis que les deux jeunes gens s’éloignaient, en revenant se placer dans son fauteuil.

— Je ne l’ai pas regardée, répondit Gothon d’un