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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/142

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Il y avait aussi le soin du ménage, qui, malgré les prévisions de la tante Darbault, causait à Cécile quelque souci.

Car elle avait fort à souffrir dans ses plans d’économie des hautes visées de Mme Arsène. Le jour même de leur arrivée aux Grolles, Cécile, d’une fenêtre, avait entendu ce colloque, tenu entre la fermière et Mme Arsène, au seuil de la maison :

« Vous nous mettez joliment sens dessus dessous, disait la première d’un ton bourru.

— Voilà bien de quoi vous plaindre ! avait répondu Mme Arsène. Puisque vous aviez un château, vous fallait-il pas des seigneurs ?

— Ah ! c’est-il des seigneurs ?

— Dame ! vous verrez.

— C’est vraiment des gens riches ? avait demandé la fermière en insistant.

— Je le crois bien ! Très-riches ! Imaginez-vous point que je me serais dérangée pour servir de pauvres diables ? Non pas ; bien que ce soit par pur attachement pour la jeune demoiselle que j’ai consenti… Elle ne trouvait personne de suffisamment convenable. Et c’est si intéressant ! Pas de mère ! vous comprenez ? Il fallait chez elle une personne qui pût lui en tenir lieu, ou quelque chose d’approchant. J’ai senti que c’était mon devoir. J’ai vingt francs par mois ; on voulait me donner bien davantage, mais j’ai dit non, ça sera comme ça ; je ne veux rien de plus ; c’est à prendre ou à laisser. Des motifs d’intérêt nuiraient à la délicatesse de mes sentiments.