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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/160

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ces fleurs vous peigne la vivacité de mon estime pour vos vertu et les vœux que je forme pour votre plus grand bonheur sur terre et après cette vie.

« Votre très-humble et dévouée,
Arsène Duboque. »

« Voilà qui est du moins bien intentionné, dit Cécile en étouffant d’un geste gracieux les rires qui éclataient parmi ses convives. Jeanne, mon enfant, va dire à Mme Arsène que je la prie de venir recevoir mes remercîments. »

Jamais poëte lauréat ne laissa éclater plus de confusion et de triomphe que Mme Arsène, quand elle rentra au salon une main sur son cœur et les yeux baissés. Chose obligée à la campagne en pareille occasion, Cécile l’embrassa : chacun lui adressa des félicitations plus ou moins ironiques, et elle se retira, enivrée, pour aller élaborer dans le secret de sa cuisine les rêves les plus ambitieux. — Après un tel événement, qui venait de faire éclater tout son mérite, assurément on allait s’empresser de rendre à Mme Arsène tout l’honneur qui lui était dû. On la relevait des fonctions serviles qu’elle remplissait ; une nouvelle bonne, placée sous ses ordres, était chargée du gros du service et de certains détails rebutants dont Mme Arsène n’avait jamais pris complètement son parti. Enfin Cécile et Lucien, touchés de ses grandes qualités, lui donnaient le titre de mère… Elle se vit à Paris, chez ses enfants d’adoption, gérant la maison, respectée de tous et trônant à table, au milieu de convives illustres qui admiraient à