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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/173

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— Vous ne les savez pas ? Je vous les apporterai. Mais le dernier couplet, au moins, le dernier, je vous en supplie !

— Alors, dites-le-moi. »

Il l’entonna d’une voix forte, émue, à laquelle se joignit celle de Lucien, tandis que la jeune fille accompagnait d’accords vibrants. Toute la timidité de M. de Pontvigail semblait avoir disparu. Il marchait la tête levée, l’œil flamboyant, le geste énergique, pareil à l’un de ceux qui, l’âme en feu, se levèrent des premiers à ce grand appel ; au dernier mot, il se jeta sur sa chaise, la tête dans ses mains.

« C’est toujours beau ! dit Lucien.

— Et ce sera toujours beau ! s’écria en se levant de nouveau Louis de Pontvigail. C’est l’âme de nos pères qui nous est restée dans ce chant vainqueur, et quand toutes les lâchetés actuelles seront mortes et pourries, ce chant ressuscitera des hommes.

— La guerre et le sang versé y sont de trop, dit Cécile. Ces choses-là ne doivent pas durer. »

Louis la regarda profondément.

« Vous croyez ?

— J’en suis sûre, affirma-t-elle avec un divin sourire.

— Que Dieu vous entende ! ou plutôt les hommes ! Mais c’est la marque de l’époque ; c’était la nécessité du temps. Mais ce grand souffle, cet élan de liberté, ce qui s’envole si haut et emporte l’âme en la brûlant, cela peut s’appliquer à d’autres conquêtes ! D’ailleurs, même par la guerre, que de fers encore à briser ! »