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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/177

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être une nature sincère, énergique, dont la sensibilité, cruellement froissée, s’est exaltée dans la solitude.

— Allons, me voici condamné à entendre l’éloge de mon rival. Ne va pas l’exalter ainsi devant Rose, au moins.

— Oh ! pour Rose et pour sa famille, le seul mérite de M. de Pontvigail sera sa richesse.

— Pour la famille, soit ; mais, quant à Rose, peu lui importe que M. de Pontvigail soit riche ou non, puisqu’elle m’aime.

— Lucien, dit Cécile après un silence, tout le monde ici, grâce à la vanité de nos parents, nous croit riches. As-tu prévenu Rose que nous ne l’étions pas ?

— Je n’y ai pas pensé, répondit-il ; mais cela n’a pas d’importance.

— Elle peut t’aimer et ne pas être assez forte pour préférer la gêne à la fortune.

— Tu ne la connais pas et tu la juges mal, s’écria-t-il ; les femmes seront donc toujours injustes les unes pour les autres ! Moi qui te croyais disposée à l’accueillir, et qui en étais heureux !

— Je suis toute prête à l’aimer tendrement, si elle te préfère à tout ; mais il faut s’en assurer. Crois-moi.

— Il ne m’est jamais venu l’indique pensée de la soumettre à une telle épreuve ! s’écria Lucien, tout à fait exaspéré ; mais, puisque tu insistes à ce point, je le ferai dès demain, pour toi, pour toi seule. Moi, je ne doute pas. »