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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/193

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roles s’adressent, et j’ose dire qu’il m’est pénible à moi-même… Mais il faut quelquefois violenter sa délicatesse pour obéir à son devoir.

— Qu’est-ce donc ? demanda Cécile étonnée. Dites-moi de suite, je vous prie, ce dont il s’agit.

— Mademoiselle, il y a des destinées. Ce n’est pas certes pour me vanter, car ma modestie est bien connue ; mais si je n’étais pas entrée chez vous dans une qualité inférieure à mes sentiments habituels, je puis dire que mademoiselle n’aurait pas trouvé chez une autre un soin égal des intérêts moraux et des intérêts matériels, et qu’un grand malheur n’aurait pas pu être prévenu. Ce matin, une inspiration me poussait d’aller à la messe, et ç’a été ma première pensée en me réveillant. Je me suis donc hâtée de partir, et, arrivée dans le bois… mademoiselle m’excusera, c’est de son propre frère qu’il ma faut lui parler ici…

— Il est arrivé à mon frère quelque accident ? s’écria Cécile épouvantée. Mais parlez donc !

— Mademoiselle, de grâce, calmez-vous. M. Lucien se porte parfaitement bien. Je n’en dis pas autant de son âme.

— Expliquez-vous, reprit la jeune fille sévèrement.

— J’excuse toutefois M. Lucien, car l’amour égare trop souvent les hommes. Il cherche à triompher de la vertu de Rose Deschamps en lui promettant le mariage ; et… j’ai regret de le dire, le nom même de mademoiselle a été prononcé par lui en garantie de cette promesse.