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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/195

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les passions de leurs maîtres, et la noblesse de mes sentiments…

— Vous fait oublier votre Évangile, dit Cécile. Vous qui êtes pieuse et qui croyez à la fraternité des hommes en Jésus…

— Ah ! mademoiselle, Notre-Seigneur Jésus-Christ a recommandé l’obéissance vis-à-vis des supérieurs ; il voulait donc bien qu’il y en eût. L’Église également nous impose le respect de ceux que leur naissance a placés au-dessus de nous ; et vous savez bien qu’elle n’a pas de plus grand soin que de conserver les vieilles idées et de s’opposer à des nouveautés perverses ; car le monde tel que Dieu l’a fait est bien fait. Assurément, de pareils mariages offensent les convenances de la société.

— Nous ne sommes pas si aristocrates que vous, dit Cécile en souriant. Nous croyons tous les hommes égaux par nature, et une jeune fille qui se fait aimer me paraît être l’égale de celui qui l’aime. Au reste, je me suis aperçue depuis longtemps que nos idées sont fort différentes. Le mérite consiste pour vous dans la richesse et dans un grand apparat ; je crois qu’il réside en nous-mêmes. Et, à ce propos, voici ce que j’avais à vous dire : Nous faisons trop de dépenses. Vous nous croyez riches, sans doute ? nous ne le sommes pas, et nous avons pris, mon frère et moi, la résolution de ne plus dépasser nos modiques revenus. Je vous prie de vous conformer à cette intention. Il faudra désormais s’approvisionner au meilleur marché possible, et supprimer ces petits plats fins que vous faites excellents, mais qui sont très-coûteux. Deux plats substantiels à chaque