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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/254

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et si bien que les idées de la pauvre fille, après cette leçon, ne s’en trouvèrent que plus renversées, et que Cécile, à l’aspect du couvert, fut prise d’un fou rire.

« J’ai choisi la méthode socratique, dit Lucien, et voici ce qu’elle a produit. Mais ce n’est qu’un commencement ; il faut laisser l’élève se former lui-même. »

Ils déjeunèrent dans une telle gaieté que tout leur était prétexte à longs rires, tandis que Doucette, hébétée et terrifiée, commençait à penser que ces gens-là étaient difficiles à servir, et regrettait déjà les moutons qu’elle avait quittés.

L’éducation de Doucette, en effet, n’était pas aisée à faire. Quoique, dans l’interrogatoire qu’avant d’être engagée elle avait subi, elle eût affirmé savoir tout faire, à peu près, ce n’était guère autre chose que le chaos même à débrouiller. Hâtons-nous d’ajouter que cette affirmation hasardée de Doucette ne doit jeter aucune ombre sur sa candeur, et n’avait été inspirée que par l’ignorance la plus parfaite. Le doute, comme on sait, naît de la connaissance, et c’est pourquoi Doucette ne doutait de rien. Heureusement, elle ne manquait pas de bonne volonté, et Cécile, qui le reconnut, se mit courageusement à l’œuvre pour la former.

« Celle-ci du moins, pensait-elle, ne me fatiguera pas de ses prétentions et me permettra l’économie. »

Doucette, sur ce point, était en effet l’antipode même de Mme Arsène. Tout, aux Grolles, dépassait ses prévisions et l’éblouissait ; mais sa formidable