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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/260

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Et il resta penché sur son coude, la regardant, tandis qu’elle regardait la vallée.

« Vous êtes déjà venu souvent ici, monsieur de Pontvigail ? demanda Lucien.

— Oui, monsieur ; il n’est guère de lieu aux environs que je n’aie visité souvent de jour ou de nuit.

— Rêveries d’amoureux ? »

Un silence répondit seul d’abord à cette étrange interrogation, et l’accent de Louis fut plein de trouble quand il répliqua :

« Non, monsieur ; de solitaire.

— Monsieur de Pontvigail, reprit Lucien, je vais vous paraître bien extraordinaire et bien indiscret ; vous demande pourtant la permission de vous adresser une question des plus sérieuses. Vous pouvez refuser de vous expliquer ; mais si vous m’accordez une réponse, j’y croirai absolument, et j’y conformerai ma conduite.

— Parlez, monsieur, dit Louis fort troublé.

— Est-il vrai que vous aimiez Rose Deschamps et que votre intention soit de l’épouser ?

— Non ! s’écria Louis d’une voix énergique en se redressant brusquement ; non, assurément, je n’aime pas Rose et je ne l’épouserai point. »

Lucien fit un bond et lui serra la main à l’endolorir.

« Vous êtes un digne, un excellent homme, et je suis votre ami à jamais, Louis de Pontvigail ! Pardon ! j’extravague un peu ; mais si vous saviez quel service vous me rendez ! quel bien vous me faites ! Et tenez… voulez-vous qu’il soit complet ? Déclarez