Page:Leo - L Ideal au village.pdf/274

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Elle fondit en larmes.

« Adieu, Rose, dit-il, j’en mourrai peut-être, mais je ne vous estime plus. »

Il sortit sur ces mots, et reprit le chemin des Grolles. Mais il erra dans les bois toute la journée, et ne put se décider que vers cinq heures à rentrer, en songeant que sa sœur devait être inquiète de lui.

Il ne se trompait pas. Aux abords de la maison, il rencontra Cécile et Lilia, toutes deux fort agitées et qui le cherchaient. Lilia, instruite par Rose d’une partie de la vérité, et très-émue du chagrin de son cousin, était accourue lui porter ses consolations.

Elle était aussi chargée d’exprimer les regrets de Rose, qui ne cessait de pleurer, et l’avait priée de dire à Lucien qu’elle était bien malheureuse, mais qu’elle lui pardonnait et l’aimait toujours. Lucien ne voulut rien entendre ; il savait maintenant ce que Rose regrettait le plus. Sans douleur bruyante, sans cris, presque sans paroles, ce pauvre garçon faisait mal à voir. Assis entre sa sœur et sa cousine, les mains dans leurs mains et la tête sur l’épaule de Cécile, il pleura.

« Je suis un fou, vois-tu, dit-il à sa sœur. Je serai comme cela trompé toute ma vie. Je n’habite pas la réalité. Si tu savais à quelle hauteur je la plaçais ! »

Jusqu’au soir, elles cherchèrent à adoucir sa douleur par leur tendresse, et Lilia lui prodiguait aussi tous les soins d’une sœur.

La nuit tombée, Cécile allait faire conduire sa cousine à Loubans par un des gens de la ferme,