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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/313

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gâtées, et cette âme, déjà abreuvée de dégoûts, cependant toujours si passionnée pour le bien eut à subir de nouvelles épreuves. Au bruit de ses générosités, une nuée de mendiants et de flatteurs de toutes conditions envahit les Saulées. Il fallut bien à la fin les chasser, mais ce ne fut pas sans tortures. Cécile chaque jour voyait arriver son ami, tantôt irrité, tantôt abattu, et, découragé parfois, il pleura près d’elle.

« Vous êtes, lui disait-il, ma lumière et mon appui. Je douterais de tout sans vous. »

En effet, elle ne le consolait pas seulement par la joie de sa présence ; mais elle en appelait sans cesse de ce qui était à ce qui pouvait et devait être, lui montrant les causes secrètes de ces misères morales qui l’épouvantaient, et par conséquent leur remède. Il la quittait animé d’un nouveau courage. Pas un jour ne s’écoulait sans que Louis vînt aux Grolles et qu’il y restât longtemps bien qu’il fût désormais chargé de soins importants et nombreux. Cependant Lucien attendait en vain qu’il s’expliquât.

Deux mois se passèrent. On était maintenant au milieu des grands froids ; le vent gémissait dans les corridors et dans les hautes cheminées des Grolles, où nos Parisiens grelottaient un peu. Il y avait des jours où la pluie, la neige, le verglas, ou l’inondation des chemins, rendaient fort pénible, et même dangereux, le trajet des Saulées aux Grolles.

Et cependant, par tous les temps, gelé ou trempé, Louis arrivait toujours, faisant toutes les folies d’un amant sans en réclamer le titre. Le frère de Cécile