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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/337

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le développement de cette faculté est opposé au développement des autres, j’entends des utiles et des généreuses. C’est comme une excroissance maladive, une sorte d’oïdium, qui gâte et envahit tout.

« Déjà on délaisse Patrice, et il s’imagine qu’on le jalouse. Je le vois en train de devenir peintre d’enseignes, ou fabricant de plâtres, si même il daigne consentir à demander au travail des ressources contre la misère, et je me reproche de l’avoir arraché à son village et à son métier.

« Non, l’artiste qui n’a d’amour et d’aspirations que pour la gloire ne l’atteindra pas. On ne puise l’enthousiasme qu’en dehors de soi. Pour être fort, il faut croire ; pour créer, il faut aimer. J’irai me retremper bientôt auprès de vous. Hâte-toi de me donner de beaux enfants à peindre ; puis Louis me prêtera sa tête pour un Gracchus. J’ai commencé mes images ornées de légendes, et elles me paraissent valoir celles de Geneviève de Brabant.

« N’oubliez pas, tout en vous aimant, d’aimer votre frère mais, je le sais, l’amour pour vous n’est pas un double égoïsme, il n’est qu’une force expansive de plus. »

Après avoir conçu de si brillantes espérances, Rose n’a pu se résoudre à épouser un laboureur. Elle vient de s’engager comme femme de chambre à Paris, où très-probablement elle fera son chemin.

Lilia est restée l’amie de Cécile, et maintenant elle se livre à l’éducation de sa fille, surveille son ménage et témoigne une tendre affection à son mari. Elle s’intéresse même à la clientèle du docteur, et a