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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/48

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— Je m’en occupe seulement à l’occasion, quand j’ai besoin d’une robe ou de quelque autre chose ; alors je regarde les étalages çà et là ; j’entre dans un magasin, je compare, je choisis, j’imagine un peu, j’ajoute ou retranche, suivant mon goût.

— Ainsi, vous ne suivez pas tout à fait la mode ? s’écria Agathe avec stupéfaction.

— À peu près seulement. Nous ne sommes pas toutes pareilles, dit la jeune fille en riant. Et puisqu’il n’y a pas dans les bois, dit-on, deux feuilles semblables, je crois que, pour nous conformer à la loi naturelle, il ne faut pas trop donner dans l’imitation.

— Vous êtes cependant fort élégante, dit Lilia en contemplant, à travers les ombres du soir, la silhouette pure et gracieuse de sa cousine ; et avec cela, votre mise est des plus simples. Comment faites-vous ?

— Je n’en sais rien, » répondit Cécile.

Ces mots, en effet, contenaient tout son secret.

Agathe pensa que ce mélange de négligence et de fantaisie était assurément ce qui rendait sa cousine si charmante, et se promit de chercher à l’imiter scrupuleusement.

Quand on se fut séparé, vers dix heures, Lucien, entré dans la chambre de sa sœur, lui dit en souriant :

« Eh bien ! je suis l’amant le plus infortuné. On m’enlève ma maîtresse avant que je l’aie revue. Mon roman est déjà fini.

— Il n’est pas probable, répondit Cécile du même ton, qu’une belle jeune fille consente à épouser